Bhimrao Ramji Ambedkar : le bouddhisme pour les défavorisés

BHIMRAO

Homme politique indien, Ambedkar, surnommé Babasaheb, a mené durant sa vie de nombreux combats pour les droits des intouchables. Lui même issu des dalits ( basses castes) mahars , il est né le 14 avril 1892 dans l’état du Maharastra. Grâce à l’aide du maharadjah de Baroda et du maharadjah de Kolhâpur, il a pu étudier à Bombay et aux États-unis, où il obtient un doctorat en économie. Il intègre ensuite la London School of Economics et devient membre du barreau de Londres.

À son retour en Inde, il entre en politique, au début des années 1920. Babasaheb organise de nombreuses conférences, afin de défendre ses idées. Il lance des mouvements de désobéissance civile comme boire de l’eau du puits dans un village brahmane, brûler le Manu Smriti, ou rentre dans des temples interdits aux dalits. Il s’oppose régulièrement à Gandhi, qui entend préserver le système des castes.

En 1930, il propose le programme « Pour la protection des droits politiques des victimes de l’ostracisme social dans la future constitution de l’Inde autonome ». Ce texte prend autant d’importance pour les intouchables que la déclaration des droits de l’Homme. Il réclame l’abolition de l’intouchabilité, l’interdiction de pratiques discriminatoires envers les dalits, la représentation dans les assemblées législatives et l’instauration de collèges électoraux distincts.

En cela, il s’oppose directement à Gandhi, qui entame même une grève de la faim lorsque les Britanniques acceptent ce dernier point, qui sera par la suite retiré.

Ambedkar est convaincu, contrairement à Gandhi, que le système des castes est consubstantiel à l’hindouisme, d’où l’échec de ses approches sociales et politiques du changement de la situation des Dalits. Il mène deux campagnes importantes, en 1931 et 1932, pour obtenir l’autorisation pour les dalits d’entrer dans les temples et de tirer de l’eau des puits publics. Il devient, selon ses propres termes « l’homme le plus haï d’Inde » par le parti du Congrès, dominé par les Hindous de hautes castes.

En 1935, il fait une déclaration qui va provoquer un tollé parmi les membres du Congrès, les Sikkhs, et auprès de Gandhi :« Je suis né hindou, annonce-t-il, mais je ne mourrai pas hindou ».

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En 1950, il est nommé par Nehru ministre de la Justice. Il est également chargé de rédiger la première Constitution indienne. Par ce texte, il instaure le droit à l’éducation des intouchables et l’interdiction de la discrimination envers les dalits ( basses castes), mais aussi envers les femmes. Mais parce que Nehru refuse plusieurs articles de cette Constitution, lois sur l’égalité des dalits, divorce, etc, il démissionne en 1952.

Après une étude des grandes religions du monde (ainsi que du marxisme), jugeant que les intouchables ne pouvaient élever leur position sociale en restant hindous, il devient convaincu que la conversion des Dalits au bouddhisme est la meilleure solution, la meilleure issue possible hors de l’hindouisme.

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Il déclare : « Je renonce à l’hindouisme, qui blesse l’humanité, qui empêche l’avancement et le développement de l’humanité parce qu’il est basé sur l’inégalité, et j’adopte le bouddhisme comme ma religion. Je crois fermement que le Dharma du Bouddha est la religion authentique. Je crois que je fais ainsi une renaissance spirituelle. J’affirme solennellement que dorénavant je vivrai ma vie en accord avec les principes et les enseignements du Bouddha et de son Dharma. »

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À la fin des années 1990, des Roms hongrois ont vu des parallèles entre leur propre situation et celle des Dalits en Inde, et ont commencé à se convertir au bouddhisme, inspirés par l’approche d’Ambedkar.

« Même s’il est vrai que les hommes ne sont pas égaux entre eux, on doit tout de même accepter l’égalité comme principe de base de la vie sociale. Déclarer l ’égalité signifie traiter les hommes comme des égaux, même si en fait, ils ne sont pas égaux. Ainsi, en les traitant de façon égale, la société elle même en profitera. De plus, les personnes sont inégales de tant de façons différentes qu’il n’est pas possible de s’appuyer sur ces différences pour les classifier.

Reconnaître « Liberté, égalité, fraternité » est une obligation de la religion parce que ces trois mots sont des principes fondamentaux d’une société idéale dans laquelle il y aurait de nombreux intérêts communs communiqués et partagés.(…) La liberté inclurait le droit de faire pleinement usage de ses talents, donc de choisir sa profession.(…) La pauvreté est une malédiction de l’humanité, et la religion ne doit ni sanctifier, ni anoblir la pauvreté.(…) La démocratie est essentiellement une attitude de respect envers les autres. » Il y a dans les paroles d’Ambedkar, brièvement résumées ici, de quoi inspirer aussi notre société, sans doute…

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