Dolores Ibárruri Gómez, connue sous le nom de La Pasionaria, née le 9 décembre 1895 à Gallarta en Biscaye et morte le 12 novembre 1989 à Madrid, est une femme politique basque espagnole. Elle est connue pour son fameux slogan ¡No Pasarán!. Elle a été secrétaire générale du Parti communiste espagnol (PCE) entre 1942 et 1960, présidente de ce parti entre 1960 et 1989.

Origine et formation
Elle est née huitième de onze enfants, dans une famille de mineurs ; l’ambiance familiale est marquée par le catholicisme et son père est un militant carliste actif. Elle est scolarisée jusqu’à l’âge de 15 ans, envisageant de devenir institutrice, mais elle ne peut y parvenir, car ses parents n’ont pas les moyens de lui payer des études assez longues. Elle commence à travailler dans un atelier de couture, puis devient femme de ménage, jusqu’à son mariage en 1916.

Début de l’activité politique (1916-1919)
Elle épouse un mineur et militant socialiste (adhérent du PSOE), Julián Ruiz, de Somorrostro. Ils auront six enfants, dont quatre morts très jeunes.
La situation financière de la famille n’est pas très bonne, d’autant que Julian Ruiz est emprisonné après avoir participé au mouvement de grève générale de 1917, et qu’il l’est encore à plusieurs reprises au cours des années 1920.
Cela n’empêche pas Dolores de lire, notamment des ouvrages de Karl Marx et de militer dans le cadre de la Fédération des Jeunesses socialistes du PSOE. Elle écrit aussi dans la presse ouvrière ; c’est en 1918 qu’elle utilise pour la première fois le pseudonyme de La Pasionaria, pour un article dans le journal El Minero Vizcaino.
Ses débuts au Parti communiste (1920-1930)
En décembre 1919, elle suit les Jeunesses socialistes qui se séparent du PSOE pour se rapprocher de l’Internationale communiste. En avril 1920, elle participe à la fondation du Parti communiste espagnol, devenant la même année membre du comité provincial de Biscaye, puis à celle du Parti communiste d’Espagne en novembre 1921.
Elle joue un rôle important dans le parti au niveau provincial : elle est déléguée au Ier congrès du PCE (Madrid) en mars 1922, et de nouveau en 1927 pour le IIIe ; ce congrès devant avoir lieu en France, elle ne peut cependant y assister.
Populaire et respectée, elle est élue au Comité central du PCE en 1930.

La période de la IIe République (1931-1936)
Après l’avènement de la Seconde République en 1931, elle se sépare de son mari et s’installe à Madrid, où elle devient responsable du journal du parti, Mundo Obrero. Elle entre au bureau politique du parti en 1932. Elle est envoyée à Moscou en 1933 comme déléguée auprès du Komintern.
Elle est arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises en raison de ses activités.
Elle travaille à l’amélioration de la condition féminine.
En 1935, elle envoie ses deux enfants encore vivants, Rubén et Amaya, en Union soviétique, pour leur assurer une vie plus stable.
Le Front populaire (début de 1936)
En février 1936, elle est élue députée des Asturies. Peu après, elle réussit à obtenir des autorités locales d’Oviedo la libération des prisonniers politiques. Elle prononce devant les Cortes un discours contre la droite, en menaçant de mort José Calvo Sotelo, député monarchiste qui s’en était pris aux républicains et qui avait exigé la fin des attentats anti-cléricaux et des désordres fomentés par des miliciens communistes, lui lançant : « Cet homme a parlé pour la dernière fois ».
La guerre civile (1936-1939)
Quand la guerre civile éclate en juillet 1936, Dolores Ibárruri se dresse pour défendre la république avec le célèbre slogan « ¡No pasarán! » (« Ils ne passeront pas »), prononcé, dès le 19 juillet, au balcon du ministère de l’Intérieur au moment de l’offensive franquiste contre Madrid. Au début du mois de septembre, elle est en France pour une entrevue avec Léon Blum, qui, le 1er septembre, a opté pour la politique de non-intervention.
Elle est élue vice-présidente des Cortes (es) en 1937.
C’est elle qui, le 15 novembre 1938, à Barcelone, salue le rôle des Brigades internationales sur le point de quitter l’Espagne après leur dissolution.
Dans ses mémoires, Valentin Gonzales, dit El Campesino, ancien général républicain, est réservé sur sa personnalité. Il écrit : « Des autres communistes espagnols, elle se distingue par une obéissance absolue aux ordres du Kominterm et à ceux des émissaires de Staline. Elle ignore totalement le remords et les cas de conscience et manifeste une satisfaction malsaine dès qu’il est question d’épurer, de tailler dans le vif… En outre, elle n’hésite pas, quand l’occasion s’en présente, à se débarrasser, sous un prétexte politique, de ses ennemis personnels ».
Ces discours et actions assurent à Dolores Ibárruri une grande popularité dans l’opinion communiste internationale et auprès d’une partie de la population de la zone républicaine, notamment les femmes.
Cependant, au bout de trois ans d’affrontements sanglants, le gouvernement républicain est défait et quitte le territoire espagnol ; les hostilités cessent le 1er avril 1939 avec l’entrée dans Madrid des forces franquistes.
L’exil
Dolores Ibárruri part en exil en Union soviétique, où elle continue ses activités politiques. Son fils Rubén entre dans l’Armée rouge et périt le 25 août 1942 au cours de la bataille de Stalingrad.
En mai 1942, elle devient secrétaire générale du PCE et le reste jusqu’en 1960 ; elle en devient alors présidente jusqu’à sa mort.
Dans les années 1960, elle reçoit la citoyenneté soviétique. Son œuvre politique est reconnue durant ces années : elle reçoit un doctorat honorifique de l’université de Moscou, ainsi que le prix Lénine pour la paix en 1964, et l’ordre de Lénine en 1965. Son autobiographie, ¡No pasarán!, est publiée en 1966.
Elle est membre de la Fédération démocratique internationale des femmes.
Le retour en démocratie
Après la mort de Francisco Franco en 1975, elle revient en Espagne. Elle est élue députée aux Cortes en juin 1977, lors des premières élections après la restauration de la démocratie. Elle est la seule députée élue en 1936 à être réélue en 1977 : cette élection est considérée comme un symbole à l’époque.
Elle meurt d’une pneumonie à Madrid, à l’âge de 93 ans, après être retournée à la foi catholique de son enfance, voire à un certain mysticisme.
La Pasionaria, un symbole
Certains passages de ses discours, tels que : « Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux » (adaptation populaire de la phrase d’Emiliano Zapata) ou son « ¡No pasarán! » (prononcé par Robert Georges Nivelle pendant la Première Guerre mondiale), sont connus dans le monde entier. Son rôle de symbole populaire en a fait un personnage de poèmes et de chansons pour Pablo Neruda, Rafael Alberti, Ana Belén et quelques autres. Toutefois, dans l’ouvrage de Sygmunt Stein, Ma guerre d’Espagne, un chapitre consacré à « La Pasionaria » la décrit surtout comme une idole fabriquée par l’appareil de propagande soviétique, sans dénier ses qualités humaines.
LES DESSINS SONT EXTRAITS DE LA BD LA PASIONARIA DE MICHÈLE GAZIER ET BERNARD CICCOLINI PARUE CHEZ NAÏVE EN 2015 À COMMANDER DANS VOTRE LIBRAIRIE ICI
LE TEXTE EST UN EXTRAIT DE L’ARTICLE DE WIKIPÉDIA À LIRE DANS SON INTÉGRALITÉ ICI