BD initiatique de Alejandro Jodorowsky et de Arno (Arnaud Dombre). Pour Jodorowsky c’est peut-être une des trois plus importantes BD qu’il a écrites avec l’Incal et le Lama Blanc. Pour Arno c’est sa série principale, car hélas, il est décédé très jeune à 35 ans. Il était en train de dessiner le huitième volume d’Alef-Thau. Son héros immortel y découvrait l’amour et… la mort. C’est Al Covial (Alain Boussillon) qui finira l’ultime opus de cette aventure.
Sur la planète Mu-Dhara, un enfant tronc naît car une puissance maléfique a pris toute l’énergie vitale de sa mère juste avant la naissance.
Mu-Dhara
La planète se nomme Mu-Dhara. Mūlādhāra signifie en sanskrit « le support du fondement »). C’est le premier des sept cakra majeurs du tantrisme hindou. Ce cakra est située au bas de la colonne vertébrale. Son élément est la terre. Mūlādhāra est le siège de sa propre nature humaineL’éveil de la kundalinī débute au niveau de ce premier chakra. L’éveil de mūlādhāra peut entrainer des changements de l’état de la conscience. Dans la kabbale, une roue dénommée Malkuth est située à l’emplacement de ce chakra. Malkouth est aussi le nom de la guerrière qui tombera amoureuse de Alef-Thau et qui le protègera. Donc ce monde illusoire de Mu-Dhara est le départ nécessaire à l’éveil.
Alef-Thau sera recueilli par une sorte de chaman, magicien : Hogl qui aura une vision de ce bébé adulte ayant récupéré tous ses membres et qui, à côté d’une très belle femme, délivrera la planète du joug de l’oppresseur. Hogl l’appelle Alef-Thau.
Alef-Thau
Aleph est la première lettre de l’alphabet hebraïque, dans la kabbale elle symbolise l’origine mystérieuse de l’existence. Elle donnera Alpha en grec et A dans notre alphabet.
Tau dans les alphabets les plus anciens connus est la dernière lettre. Cette lettre est l’ancêtre de notre T. Notre héros est donc le début et la fin, l’alpha et l’omega qui dans la tradition chrétienne est assimilé à Jésus-Christ, symbolisant son éternité. Or Alef-Thau pendant toute son aventure va devoir faire face aux Immortels peut-être jusqu’à prendre conscience qu’il est lui-même le début et la fin de cette histoire, de tout, de cette réalité.
Hogl apprend à Alef-Thau à développer son corps éthérique (avec tous ses membres).
Corps éthérique
En ésotérisme, le corps éthérique ou corps vital est l’un des corps subtils des êtres vivants, après le corps physique et avant le corps astral. Il est aussi appelé « corps vital » ou « corps énergétique » ou « double éthérique ». Dans l’Égypte pharaonique il était appelé le ka.
D’après Alice Bailey « le corps éthérique interpénètre le physique dense et le dépasse légèrement. Il est comme un brouillard gris-bleu, comme le dessine le plus souvent Arno. Il se compose d’un tissu de courants d’énergie, de lignes de force et de lumière. L’énergie circule le long de ces lignes comme le sang dans les veines et les artères. Cette circulation permanente, humaine, planétaire et solaire de force vitale animant le corps éthérique de toutes les formes est la base de toute vie manifestée. Aucune vie n’existe sous une forme séparée. Le corps éthérique d’un être humain fait partie du corps éthérique de la planète donc, il est relié à toutes les formes qui se trouvent dans ce corps éthérique, quel que soit le règne de la nature auquel il appartient. C’est le véhicule emprunté par les courants de vitalité qui maintiennent le corps en vie. Apporte vitalité et énergie au corps physique et l’intègre au corps éthérique de la terre et du système solaire. »
Pour Arthur E. Powell, « Ce double peut être séparé du corps physique dense soit par un incident, soit par la mort, soit par l’action de produits anesthésiants, comme l’éther ou le gaz, soit encore par des passes magnétiques ». On peut sentir ce corps éthérique, par exemple, avec le membre fantôme qui la sensation ressentie sur un membre pourtant amputé. Un cordon d’argent lierait les deux parties du corps matériel : le corps physique (ou corps grossier) et le corps éthérique (ou double vital).
À un moment de sa quête, Alef-Thau va chercher une pierre précieuse sur la Tour Dieu.
La Maison Dieu
La Maison Diev est un arcane du Tarot. Elle symbolise des changements importants et soudains, des destructions et des ruptures mais aussi des reconstructions. Cette lame symbolise le point de non retour. Tout peut arriver. C’est à partir de cette première quête que Alef-Thau démarre son aventure,bien qu’humain-tronc il va non seulement y trouver son autonomie mais aussi sa complétude au fur et à mesure des épreuves rencontrées.
Il rencontre Diamante, une femme dont il tombe amoureux. Alef-Thau rameute tous les petits peuples pour sauver Diamante.
Mais Diamante apprend d’un immortel que tout ceci n’est qu’un jeu, que tout est illusion en dehors d’elle et qu’elle doit apprendre à maîtriser cette virtualité. Alef-Thau supporte assez mal d’apprendre qu’il n’est qu’une illusion alors qu’il est amoureux de Diamante.
Le monde n’est qu’une illusion
Māyā en sanskrit est aussi la nature illusoire du monde. Pour les mystiques indiens, cette manifestation est réelle, mais c’est une réalité insaisissable. Ce serait une erreur, mais une erreur naturelle, de la considérer comme une vérité ou une réalité fondamentale. Le but de l’éveil spirituel est de de faire l’expérience du mirage de la Māyā afin de la transcender et de réaliser que le soi et l’univers ne font qu’un. C’est ce que demandent les Immortels à Diamante : de maîtriser ce monde illusoire, mais cela implique d’en sortir. Et ce sera la situation paradoxale dans laquelle elle sera tout au long de l’aventure. Soit elle rentre en amour avec Alef-Thau et ne souhaite pas sortir de l’illusion, soit elle sort de l’illusion et perd Alef-Thau. Elle résoudra ce paradoxe à la fin en proposant de mettre fin à ce monde en mettant fin à sa propre vie.
Grâce à un peu de fluide vital Alef-Thau pourra retrouver une jambe mais donnera son œil à l’Arbre de Sagesse pour savoir comment rejoindre l’Endocentre où se trouve prisonnière Diamante.
L’arbre lui offre de tailler une jambe dans une de ses branches et sa dernière feuille plus tranchante qu’une épée. Cette rencontre avec l’arbre de Sagesse est initiatique et Alef-Thau devra traverser, comme cela revient souvent dans les œuvres de Jodorowsky, les initiations liées aux 4 éléments, ainsi que faire face à ses propres émotions perturbatrices.
Les quatre éléments
Ils sont souvent la base des rites initiatiques traditionnels occidentaux et principalement chez les francs-maçons.
Pour être reçu l’impétrant doit mourir aux ténèbres. Pour cela il fait un séjour méditatif dans une pièce noire
et les rites maçonniques
Avec des variantes d’un Rite à l’autre, la Franc-maçonnerie met le néophyte au contact des éléments soit dès le séjour dans le Cabinet de Réflexion soit uniquement dans le Temple, au cours de la cérémonie d’Initiation.
Lors de celle-ci, tous les rites maçonniques font accomplir au récipiendaire trois voyages. Entre chaque voyage, le postulant subit une épreuve au contact de chacun des quatre éléments : l’épreuve de l’air, l’épreuve de l’eau et l’épreuve du feu. Quant à l’épreuve de la terre, elle a le plus souvent été vécue auparavant : c’est le séjour dans le Cabinet de Réflexion.
Les quatre éléments, air, eau, feu, terre, renvoient à la physique des anciens et nous instruisent sur les commencements de notre rapport avec la réalité. La Franc-maçonnerie retient principalement ces éléments alors que d’autres écoles de pensée y ajoutent le bois et le métal. La Franc-maçonnerie utilise bien sûr ces deux derniers, mais de façon moins systématique et moins approfondie.
La Franc-maçonnerie attache à l’eau, à l’air et au feu une notion de purification progressive afin de faire parvenir le cherchant à un état d’élévation. Les rituels articulent leur cérémonie d’initiation sur cette base élémentaire et quaternaire.
Tentons de comprendre ce qui se passe au Rite moderne tel qu’il est pratiqué dans de nombreuses Loges de la Grande Loge régulière de Belgique.
Affronter ses émotions
C’est assez souvent que les héros de Jodorowsky se retrouvent confrontés à des situations qui sont le reflet de ce que vivent émotionnellement les personnages.
S’affronter soi-même
Souvent on préfère ne pas voir que les autres sont le miroir de notre être. Mais refuser de voir que le changement doit venir de nous-même c’est faire que la situation ne change pas ou pire : empire ! Et nous la retrouverons régulièrement dans plusieurs contextes différents.
Ces situations ne sont pas toujours des conflits extérieurs comme on peut le voir dans les récits de Jodorowsky mais peuvent se manifester sous forme de tensions diverses : angoisse, psychosomatisation, insomnie, dépression, etc.
Assumer la source interne de ses difficultés, c’est pouvoir enfin les dépasser. Certes ce n’est pas facile d’accepter de se voir imparfait, certes c’est compliqué de changer un comportement habituel mais affronter cela c’est apprendre à l’apprivoiser et à le désarmer.
Dans le bouddhisme on proposera de développer les « antidotes » à nos émotions perturbatrices pour les transformer.
Kōan
Il courant dans les textes de Jodorowsky que le héros se retrouve face à une énigme qui semble ne pas pouvoir être résolue, du genre : « Dans quel cas la main qui t’empoigne ne peut te retenir ? ». En fait il faut toujours s’éloigner pour avoir une vision globale pour trouver la solution. Ici c’est quand la main lui appartient.
C’est typique des kōan que l’on retrouve dans le bouddhisme zen. Ce de brèves anecdotes qui paraissent absurdes, énigmatiques pour le moins ou paradoxales. En fait elles ne sollicitent pas la logique ordinaire. Il faut sortir de sa vision « ordinaire » pour trouver l’éveil.
C’est le célèbre problème des 9 points
Il faut relier les 9 points avec seulement 4 lignes droites, sans lever son crayon. Pour jouer la bonne réponse est donnée en fin d’article. Mais pour vous aider je peux vous dire qu’il faut savoir « sortir du cadre » pour résoudre ce koân.
Très inquiet de savoir s’il n’est vraiment qu’une illusion, Alef-Thau va voir l’Arbre Sagesse auquel il sacrifie son second œil pour avoir la réponse. L’Arbre Sagesse après lui avoir fait libérer son corps éthérique il lui apprend à développer son corps astral qui lui permet d’aller dans le passé.
Voyage astral
Le voyage astral est une expression de l’ésotérisme qui désigne l’impression que l’esprit se dissocie du corps physique pour vivre une existence autonome et explorer librement l’espace environnant ou le temps. Il existe plusieurs synonymes de cette expression : « décorporation », « dédoublement astral », « excursion psychique », « expérience hors du corps » (EHC),« projection astrale », « projection du corps astral », « sortie hors du corps » (SHC), « transe ecsomatique », « voyage hors du corps », « sortie astrale » et « voyage astral ». L’expression d’expérience de hors-corps est plus récente et relève davantage de la médecine et la psychologie.
L’expression est liée à la croyance des occultistes en un corps astral et en un plan astral. L’expérience se produirait en diverses occasions : à l’approche de la mort, au cours d’une opération sous anesthésie, sous le coup d’une douleur intense, au cours d’une méditation, lorsque le corps est dans un état de relaxation avancé, lors du sommeil profond, sous l’emprise de drogues hallucinogènes, en période de stress, lors de paralysie du sommeil ou même sans aucune raison directe et à tout moment.
Ernest Hemingway, blessé d’un éclat d’obus au cours de la Seconde Guerre mondiale, a eu l’impression de quitter son corps : « Mon âme ou quelque chose qui sortait de mon corps comme quand vous tirez un mouchoir de soie de votre poche, mon âme, donc, se déploya autour de moi, puis revint et réintégra mon corps, mais je n’étais pas mort ». La première expérience de voyage astral contrôlée scientifiquement a été conduite par Charles Tart, de l’université de Californie. Mme Z. devait lire ce qui était inscrit sur une feuille de papier et l’heure affichée sur une horloge, objets qu’elle ne pouvait atteindre, alors qu’elle se trouvait en sortie astrale. Expérience réussie, et attestée par le fait que l’électroencéphalogramme enregistre à l’heure vue par Mme Z. diverses anomalies.
Robert Monroe dit avoir trouvé des témoignages très anciens de ce phénomène dans le christianisme : Ecclésiaste, 12:6-7 : la corde d’argent (ce qui relierait le corps astral qui voyage au corps physique. Cette corde ne doit jamais être rompue). Robert Monroe, qui dit avoir réalisé plus de 600 voyages astraux, a donné diverses techniques pour y arriver. L’une consiste à se relaxer, puis à inhiber les sens, puis à concentrer sur l’emplacement du troisième œil (entre les sourcils), puis à projeter vers le haut deux rayons lumineux qui partent des yeux pour se rejoindre à un point situé à trente centimètres, enfin à imaginer le point visualisé comme s’il était soumis à une pression et qu’il était projeté en arrière jusqu’à ce qu’il tombe sur le sol.
Pour trouver la lumière, l’Arbre Sagesse lui conseille de suivre les ombres. Symboliquement comme dans la réalité, les ombres sont en effet toujours orientées vers la lumière qui les projette. Alef-Thau peut voir que dans le passé Mu-Dhara n’est qu’une planète morte à part une épée de cristal qui est la seule vie présente. Les Immortels sont venus et ont créé un monde imaginaire à base de fluide vital. Lors de sa quête pour ramener à l’Arbre ses yeux de rubis et donc retrouver lui-même ses propres yeux, un guerrier va le tuer. Pour prévenir cela Hogl prépare un philtre qui transforme la haine en compassion. Ce guerrier, qui se trouve être une femme, Malkouth devient amoureuse et protectrice d’ Alef-Thau, bien contre son gré.
Malkhouth
Les Sephiroth sont dix puissances créatrices énumérées par la Kabbale dans son approche mystique du mystère de la Création. Chaque Sephira est l’émanation d’une énergie du Dieu Créateur. Ces puissances divines manifestent dans la création du monde fini le Pouvoir Suprême du En Sof, l’Infini. Les traités de Kabbale présentent souvent les Sephiroth sous la forme d’un Arbre de Vie.
Malkhout signifie le Royaume. Lié à l’élément terre. Il est imagé par une Jeune Femme Couronnée, assise sur un Trône et représente la stabilité, le discernement. il permet la vision du Saint Ange Gardien. Il représente le monde réel, la matière physique, la terre, la Terre-Mère, les éléments physiques, le monde naturel, la solidité, la stabilité, l’inertie, la mort corporelle, l’incarnation, …
Malkhout est bien l’ange gardien d’Alef-Thau dans sa quête du monde réel.
Diamante dans sa recherche de maîtrise de ce monde illusoire se trouve à être obligée de combattre Alef-Thau qui la blesse mortellement.
L’Immortel la fait renaître dans le corps d’un bébé dont la croissance sera trois fois plus rapide que la normale et offre à Alef-Thau un second bras pour qu’il emmène Diamante et s’en occupe.
Hogl souhaite revoir Tehetete, la reine du Centre maître, l’amour de sa vie. Ils partent tous ensemble à sa recherche. Cette reine est très belle et ne veut être entourée que par des jeunes et belles personnes, elle chasse tous les autres. Hogl se grimme pour paraître plus jeune pour la rencontrer.
Malkouth se sacrifie pour donner son fluide vital à Alef-Thau pour avoir une nouvelle jambe. Diamante dans sa croissance est redevenue une femme et déclare son amour à Alef-Thau.
La superbe Reine Tehetete qui est surprise de voir Hogl toujours aussi jeune lui aussi. Il lui révèle son stratagème Mais finalement la reine a usé du même stratagème pour conserver, d’une manière obsessionnelle, la jeunesse et la beauté. Par amour, ils s’unissent en leur corps éthérique et meurent en leur corps physique.
Les 4 signes du Bouddha
Le Bouddha historique était un prince. Son père était le souverain des Śākyas appartenant à la caste des kṣatriyas guerriers et administrateurs. Il voulut élever son fils à l’abri de la souffrance et pour cela le gardait enfermé dans son palais et ne lui faisait rencontrer que des gens jeunes, beaux et en bonne santé. Le souverain Śuddhodana, son père, espérait que son fils deviendrait un roi et pensait qu’une vie de facilité l’empêcherait de réfléchir aux difficultés et à la souffrance.
Mais la tradition affirme qu’à 29 ans, alors qu’il sort du palais, il découvre la souffrance endémique de son peuple qui lui avait été cachée jusqu’alors et le fossé qui la sépare du luxe de sa vie aristocratique.
La tradition affirme que quatre rencontres changent sa vie : un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps et un cadavre que l’on menait au bûcher lui révèle la mort dans tout son caractère sordide. Enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse.
La princesse Tehetete voulut s’affranchir de ces sources de souffrance mais finalement se rend compte que l’amour ne peut se vivre que dans l’authenticité. C’est déjà la compréhension de ce que nous passe Jodorowsky dans cette BD : la mort et le pendant de l’amour (amor).
L’immortel considère que Diamante n’a pas réussi à maîtriser ce monde d’illusion et veut le détruire. Mais Diamante s’y refuse car, toute illusion que ce fut, elle a appris l’amour par Alef-Thau.
Alef-Thau est toujours aussi perdu, il va voir l’Arbre sagesse qui peut lui donner une réponse à ses questions mais demande, comme à son habitude, une partie du corps d’ Alef-Thau. Celui se rebelle contre cette autorité montrant sa détermination et l’accès à la liberté de choix. L’Arbre le reconnaît et lui rend son œil. Alef-Thau se retrouve « complet », « achevé » pour la première fois. L’arbre sagesse apprend à Alef-Thau que le fluide vital est sous l’emprise de l’Immortel qui empêche la vie de prendre son droit.
Tuer le père ?
L’acte de rébellion qu’attendait l’Arbre sagesse d’AleAlefph-Thau permet à celui de s’achever, d’être enfin « complet ». On peut relier cela à l’acte symbolique psychanalytique de « tuer son père ». Mais Alef-Thau ne tue pas l’arbre il l’élague simplement. Pour Jodorowsky il n’est pas nécessaire de tuer le père (à quoi sert un père mort ?) il faut l’absorber, le faire vivre en soi. Ne plus être l’enfant en attente d’une reconnaissance mais se situer au même niveau d’adulte, se rebeller contre l’état de dépendance pour entrer en vraie relation.
Grâce à la volonté et à son amour pour Diamante Alef-Thau supprime l’Immortel. Grâce aux connexions du fauteuil de l’Immortel Alef-Thau recrée le monde de Mu-Dhara. Mais le problème reste entier : c’est un monde illusoire.
Alef-Thau ne supporte pas que ce monde, qu’il a recréé, dépende de sa volonté, ni qu’il soit une illusion face à l’immortelle Diamante qui lui explique que la vie prend sens parce qu’elle se termine par la mort.
Le sens de la vie
C’est la conscience de sa mortalité qui pousserait l’humain à se questionner, rendrait l’existence « humaine » et, selon Max Frisch, en ferait même « une aventure ».
Diamante lui confit qu’il existe quelque part dans l’univers une porte de la Vérité qui conduit à l’univers réel. Ils décident de partir en bricolant la fusée de l’Immortel.
La porte de la Vérité qui ouvre sur le monde réel implique d’accepter la maladie, la vieillesse et la mort. Alef-Thau préfère être vivant, même d’une manière éphémère, qu’être une illusion.
Cellules immortelles
Les cellules qui peuvent se reproduire d’une manière asexuée par division peuvent avoir une vie éternelle. Mais les organismes complexes passent par une reproduction sexuée pour permettre la continuation de l’espèce. Mais c’est cette nécessité de « rencontre » qui permet chez les êtres les plus complexes la naissance de l’amour.
Mais pour accéder à cette porte il lui faut subir tout un tas d’épreuve et d’initiations.
Tous ceux qui ont voulu tuer l’immortelle Diamante sont morts ipso-facto. Pour finalement débloquer la situation Diamante menace de se suicider pour se faire disparaître. Les Immortelles ne comprennent pas pourquoi Diamante s’est laissée dominée par des illusions. Mais ce qu’elles nomment illusion, Alef-Thau le nomme amour. Et les armes de la raison ne peuvent vaincre l’amour qui leur permet de trouver la porte de la Vérité et de devenir réels et mortels.
Chaque personnage devient un personnage réel. Alef-Thau devient le dessinateur de la série, Diamante son épouse, Louroulou leur fille, Holibanoum leur fils et Bébé le chat. L’épée de cristal s’étant transformée en crayon.
Finalement où est la réalité, où est le rêve ? Qui rêve ?
Le Rêve du papillon
C’est une fable, une parabole célèbre de Tchouang-tseu : le sage rêve qu’il est un papillon, et se réveillant, se demande s’il n’est pas plutôt un papillon qui rêve qu’il est Tchouang-tseu.
« Zhuangzi rêva une fois qu’il était un papillon, un papillon qui voletait et voltigeait alentour, heureux de lui-même et faisant ce qui lui plaisait. Il ne savait pas qu’il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla, et il se tenait là, un Zhuangzi indiscutable et massif. Mais il ne savait pas s’il était Zhuangzi qui avait rêvé qu’il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu’il était Zhuangzi. Entre Zhuangzi et un papillon, il doit bien exister une différence ! C’est ce qu’on appelle la Transformation des choses. »
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