✊ Orgosolo ✊

 

Orgosolo se situe au cœur de la Barbagia, dans le massif du Supramonte en Italie.

 

Pays pauvre, de pâturages et de reliefs peu habités, Orgosolo fut le théâtre de vols de bétail (moutons, cochons) et de séquestrations contre rançons qui alimentèrent le mythe du « bandit sarde ». Ce dernier, largement fantasmé, fut d’abord construit sur la tradition de résistance aux occupations coloniales (phénicienne, carthaginoise, romaine, espagnole…) ou militaires (OTAN, bases américaines) ainsi qu’à l’État italien, particulièrement forte dans la Barbagia.

 

 

Orgosolo compte 400 peintures murales. Pour beaucoup politiques, elles portent la mémoire des luttes locales (celle de Pratobello contre l’installation d’un camp de l’OTAN, celles des bergers contre les industriels et les patrons), des combats internationaux (contre la Guerre du Viêt Nam, pour la paix en Palestine…), des personnes tuées à l’usine (celle, locale, d’Otana, ou bien une usine new-yorkaise) ou dans des conflits avec l’État (par exemple, hommage à Carlo Giuliani, tué par la police lors du contre-G8 à Gênes en 2001). D’autres murales évoquent le quotidien du village : bergers, femmes avec enfants, anciens qui discutent.

 

La toute première peinture a été effectuée en 1968 par un collectif anarchiste de Milan, le groupe Dioniso. En 1975, Francesco Del Casino, un professeur de dessin siennois, proche du Parti Communiste, s’installe dans le village après avoir vu le film Banditi a Orgosolo. Il réalise, souvent dans un style inspiré de Picasso, de très nombreuses peintures pendant deux décennies, associant ses élèves à leur réalisation et parlant avec les habitants du village.

 

Les Api (« les Abeilles »), un groupe d’anciens élèves de del Casino, essentiellement constitué de femmes, a ensuite pris la relève, toujours avec cette intention politique de faire des peintures des supports à discussion.

 

L’origine de la tradition muraliste de la Sardaigne est faite remonter à Pinuccio Sciola, c’est-à-dire à un groupe d’architectes de Milan et, d’autre part, au grand maestro Francesco Del Casino, durant les années de la contestation de la jeunesse même si la plupart des auteurs des œuvres murales sont inconnus.

 

 

La passion politique et sociale des années 60 et 70 est à l’origine des peintures murales collectives figurant des scènes dramatiques qui racontent la vie des bergers et des paysans, la misère et les luttes pour la terre. D’autre part, les œuvres réalisées au cours des années 70 et 80 décrivaient les transformations de la société italienne ont successivement laissé la place aux « tableaux » collectifs décoratifs visant à représenter la vie paysanne des petits bourgs de l’île.

 

Les techniques de réalisation des peintures murales sont très simples. Les muralistes sardes employaient des vernis à l’eau, généralement utilisées pour les espaces intérieurs, et donc extrêmement détériorables.

 

Il s’agissait d’un choix principalement d’origine esthétique: les œuvres étaient récupérées uniquement si la communauté en sentait l’exigence, autrement elles étaient destinées à disparaître et rester un souvenir. Les techniques de représentation incluent des styles plutôt variés allant de l’Impressionnisme à l’Impérialisme, de la peinture naïf au réalisme.

 

Aujourd’hui, des artistes du village, d’Italie, d’Allemagne, de France ou d’ailleurs continuent à peindre sur les murs – certains respectant le caractère spontané, collectif et éphémère des fresques initiales, d’autres jouant davantage sur l’institutionnalisation du phénomène (organisation de concours par des particuliers ou par la mairie, velléités de développer le tourisme).

 


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