« On parle de la grande assise, car elle est grande en ce qu’elle ne cherche pas l’éveil : elle l’embrasse. Cette assise est grande car elle ne rejette pas l’illusion : elle l’embrasse.
Lorsqu’une pensée surgit, il suffit de s’en éveiller.
La méditation ne consiste ni à domestiquer son intériorité, ni à la mettre au pas, encore moins à la combattre. Moi et mon intériorité ne sommes pas deux. Et plutôt que de domestiquer l’intériorité, nous devions la libérer comme un animal trop longtemps tenu par le licol de nos propres limitations et lui faire découvrir des contrées sauvages souvent inexplorées. Ces contrées ne sont jamais si éloignées qu’il y paraît. Il suffit de s’installer dans la présence : il suffit et pourtant nous défaillons.
La présence est toujours là et c’est comme si nous l’avions oubliée.
Le zen ne propose pas une apathie telle qu’il n’y aurait plus aucune émotion, aucune pensée, un néant de l’âme en quelque sorte.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’apprendre à vivre. L’existence n’est autre que le nirvâna. Et c’est là où les hommes du zen veulent nous conduire. En réalité, ils n’ont pas à nous y conduire puisque nous y sommes déjà.
À partir de cette présence, nous pouvons nous réengager dans le monde. C’est comme soudain s’éveiller d’un rêve. Il n’y a plus que la vie, vivante et alerte. »