(Pensées Existentielles – Dessinateur : Sen – Scénariste : Taloche – Editeur : ALAIN BEAULET)
Toute démarche spirituelle authentique passe par les deux expérimentations interne et externe. Côté intérieur il s’agit de prendre conscience de ses limitations, incarnées principalement par ses peurs, et côté externe de voir que la vie est en toute chose et identique à celle qui est en nous, et d’en tirer la conclusion qu’on ne peut avancer dans la spiritualité sans prendre soin de toute cette vie, au-delà de notre ego.
Pourquoi la méditation apparaît-elle dans le champ de la médecine psychiatrique, de la psychologie et du bien-être ? Parce que après de nombreuses expériences scientifiques diverses on s’est rendu compte qu’elle pouvait agir sur notre état de santé. Elle permet de mieux repérer l’apparition des pensées qui vont avoir un impact négatif sur notre mental et sur notre corps, ce qui a pour effet de ralentir voir diminuer leur emprise obsessionnelle sur le sujet méditant. Mais aussi la méditation permet de développer un état d’acceptation à ce qui est, qui n’est pas de la soumission (cela n’empêche pas l’action) qui permet de prendre du recul vis à vis des événements plus ou moins traumatisants et des émotions perturbatrices.
Mais on a longtemps fait l’erreur de penser que méditer était de « faire le vide dans sa tête ». Cela vient pour partie d’une mauvaise compréhension de ce qu’on appelle dans le bouddhisme « la vacuité », qui plus que « vide » serait synonyme de « tout est possible ».
En fait quand on médite, on est le plus souvent submergé de pensées diverses. Toute la pratique de la méditation de « pleine conscience » va être, non pas tant de faire cesser ce « bruit de fond » que d’apprendre à rester « ici et maintenant », c’est à dire ne pas se laisser captiver par ce flot mental.
La pratique consiste à l’observer sans s’y identifier. On dit qu’il y a des pensées mais qu’il n’y a pas de penseur ce qu’on appelle aussi la « conscience sans objet ».
Pour cela il faut se poser (on pourrait faire le jeu de mot « se pauser ») et contempler tout ce qui arrive sans jugement.
Nous n’arrêtons rien, nous n’attendons rien, nous observons d’une manière neutre. Cela se fait avec beaucoup de tendresse, il n’y a pas de concentration dure, mais au contraire une ouverture souple.
Au début ne restez que cinq minutes à observer le cours de vos pensées. Soyez un observateur silencieux, respectueux et indépendant. Simplement ne perdez pas le fil de vos pensées, suivez-le attentivement avec la plus grande attention.
Plus tard lorsque vous maîtrisez suffisamment cette observation, vous pouvez décider pendant un temps donné (une journée, une heure, un quart d’heure) d’être particulièrement attentif et conscient à la façon dont vous Accomplissez tout ce que vous faites.
Ensuite de la même manière (sur un temps donné) vous pouvez développer des pensées particulièrement positives qui viendront du coup prendre la place des « pensées fluctuantes » et pas toujours aidantes (culpabilisation, regret, espoirs…). Ces pensées positives peuvent trouver leur source dans les « paramita », ou « les quatre incommensurables » ou les « dix préceptes de bien » par exemple.
Vous pouvez vous aider de « rappels » pour revenir à ces indications. Des rappels « naturels » comme les cloches de l’église au loin, le téléphone qui sonne… Mais vous pouvez aussi vous « régler » des sonneries de rappel, comme le gong qui sonne dans le monastère. Vous pouvez faire que votre montre électronique émette un petit « bip » toutes les heures ou avec votre smartphone installer une application gratuite comme Mindfullness bell ou en régler une sur votre ordinateur
De tels entraînements n’ont pas pour objectif de faire de nous des robots agissants et non pensants mais de nous libérer de l’emprise de nos pensées parasites dont nous ne sommes pas conscients et qui pourtant nous « pourrissent » la vie pour nous ouvrir, simplement, avec amour sur la vie. La plupart d’entre nous savent le faire, quand ils mènent une activité artistique ou sportive (peinture, musique, alpinisme) alors nous sommes complètement dans l’activité sans nous polluer le mental avec d’autres choses.
Dans la pratique zen nous restons dans l’ouverture, laissons passer tout ce qui passe et voyons « au delà », là où tout est calme, on pourrait presque reprendre les vers de l’invitation au voyage de Beaudelaire :
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.