Le déni n’est pas une politique. C’est un crime ! Telle est la conclusion à tirer du rapport que l’Agence européenne de l’environnement vient de rendre public lors d’un événement du Parlement européen intitulé « Leçons tardives venue de signaux précoces : science, précaution et innovation ». Chaque élu devrait lire ce rapport et s’interroger sur sa responsabilité.
Un premier rapport avait été publié en 2001. A partir de quatorze cas, de l’amiante à l’hormone de croissance, en passant par le Tributylétain jusqu’au Distilbène, il avait analysé les raisons pour lesquelles les signaux précoces de risques avaient sans cesse été évacués, entraînant des milliers de morts, des destructions massives, parfois irréversibles de l’environnement et des coûts collectifs immenses. Il avait proposé douze leçons à tirer pour éviter de renouveler ces erreurs.
Ce deuxième rapport est accablant. Rien n’a changé, la stratégie du déni s’est même affinée. Tout d’abord, le rapport démontre qu’il se perpétue avec de nouvelles technologies ou produits qui s’appellent OGM, nanotechnologies, ondes et nucléaire.
Ensuite, le rapport explique comment les erreurs méthodologiques sont construites pour permettre le statu quo, malgré le progrès des connaissances, comment les mêmes études donnent lieu à des conclusions opposées grâce à la puissance des lobbys et de certains scientifiques.
Il conforte la position de tous ceux qui luttent contre les conflits d’intérêts dans les organismes d’expertise en soulignant la manière dont la connaissance scientifique est financée pour réduire au minimum la capacité de la contre-expertise et une évaluation raisonnable des études négatives lorsqu’elles existent. Ainsi, au niveau européen, moins de 1% des 70 milliards d’euros de fonds publics dépensés pour la recherche sur les nanotechnologies, biotechnologies et les NTIC ont été consacrés à une recherche sur les risques.
Il décortique la manière dont les lanceurs d’alerte ont été systématiquement déconsidérés, décrédibilisés dans leur travail et dans leur vie afin de retarder la prise en considération de leur découverte. Cette organisation du déni trouve son origine dans quelques secteurs industriels, qui ont d’autant plus intérêt à maintenir sur le marché leurs produits toxiques qu’ils n’en assument ni la responsabilité ni le coût social. Et elle n’est rendue possible que par l’inaction coupable des décideurs politiques.
Fermer les yeux, lorsque l’intérêt général commande de donner la priorité à la vie humaine, au long terme, à l’innovation dans le sens du progrès humain, est une faute politique. Les politiques savent mais refusent de sortir du court terme en raison du temps de leur réélection, et de leur proximité, pour certains d’entre eux avec les quelques multinationales qui veulent imposer leur loi au reste du monde.
Il faut se réjouir que ce rapport émane d’une agence européenne, dont le financement est public. A l’inverse de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), elle n’est pas minée par des conflits d’intérêts et la présence parmi ses experts de personnes liées à l’industrie. Ainsi, ce rapport se révèle-t-il opportun pour trois raisons.
[…] Ce rapport propose l’organisation de la controverse scientifique grâce à la publication de toutes les études et la mise en ligne des données brutes permettant le partage de l’information ; le renforcement du poids de la société civile, la possibilité de contre-expertise indépendante, le changement dans les règles de charge de la preuve pour permettre une indemnisation rapide ; et une révolution dans les mécanismes de prise de décision avec une politique de gestion des risques et, la priorité donnée au capital, social, humain, naturel sur le capital financier. Ce rapport permet de sortir du débat biaisé par les lobbys pour mettre sur la table ce que sont nos vrais choix de société.
LIRE L’ARTICLE INTÉGRAL SUR LE BLOG DE CORINNE LEPAGE
Ce n’est pas près de changer.
Le déni fait parti de l’arsenal stratégique des menteurs, des affabulateurs et donc des dirigeants, des politiciens et des hommes de pouvoir en général. Autre outil stratégique, le révisionnisme est le stade ultime du déni. On efface le passé et on le remplace par un autre plus commode.
Pour compenser, chaque homme doit chercher à s’informer par tous les canaux possibles de l’information publique, privée, secrète et contacts directs.
Ne jamais croire celui s’exprime par un mass media et toujours chercher à qui profite le mensonge, tout comme le policier cherche à qui profite le crime.
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Bonjour Frédéric.
On ne pouvait pas « prévoir » la chute du mur. Mais on ne pouvait pas non plus nier qu’il était tombé.
Je crois que ce n’est pas le sujet.
Cela dit, je ne vois pas très bien comment un changement des institutions pourrait empêcher le mensonge dans des activités humaines hors du cadre des institutions, comme les élections, la guerre ou la chasse. Ce sont des choses qui échappent à toute règlementation.
Un système plus démocratique n’est pas nécessaire.
La démocratie est un cadre. Certaines dictatures effroyables se sont autoproclamées « démocraties populaires » alors que les peuples n’y étaient nullement représentées. Aujourd’hui la Corée du nord, par exemple.
D’autres démocraties fonctionnent assez bien, comme les pays scandinaves, je pense…
C’est l’homme qui fait la démocratie et c’est l’homme qui est en cause et qu’il faut changer, par l’instruction, l’éducation, la moralisation et l’apprentissage de la loyauté, de l’intégrité et des grandes valeurs morales.
Bonne journée.
Chaleureusement et fraternellement.
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Cher Frédéric
Je dirais que la chute du mur et du communisme soviétique était prévisible mais qu’on ne l’avait pas prévue de la sorte, si rapide et si globale. C’est un événement historique parmi d’autres dans l’histoire du monde. Le prévoir était sans effet. On ne peut que vivre et subir l’histoire, la plupart du temps. Les changements de système arrivent aussi, mais de manière souvent anachronique et anarchique. Enfin, rien n’est écrit… !
Oui, ceux qui sont à la tête des systèmes n’ont certes aucune envie de les faire changer. Les changements viennent du peuple à 98%. Et le plus souvent par la révolte, la révolution ou la guerre civile. Le problème est que ceux qui arrivent au pouvoir ne le font pas pour le bien commun…
Le problème, c’est que les hommes se regroupent en systèmes solidaires qui deviennent très vite des systèmes d’exclusion. Les partis, les idéologies, les courants, les religions, etc…
Si on adhère totalement on est le bienvenu. Si on ne veut pas adhérer à tout ou si on critique ou si on ne se soumet pas au dogme on est une brebis galeuse, on est un intrus, un ennemi, un traître, un homme à chasser et parfois à abattre.
Celui qui est seul dans son coin n’a aucun poids, aucun pouvoir et aucune influence. Et nous savons tous que c’est mauvais et que c’est négatif et contre la vérité qui est le plus souvent étouffée par les dogmes en place. L’exemple classique est celui de Galilée.
Pour ce qui est du changement de l’humain par l’éducation, on est apparemment très mal partis… L’humain change, mais pas vraiment dans le bon sens, en ce moment.
Ces choses de l’ordre de la pensée et du vœu pieu sont des échanges entre personnes intelligentes qui voudraient que le monde devienne meilleur pour tous. Cela n’a rien de ridicule ni de négligeable. De nos discussions, de nos critiques naissent une certaine lumière, même si elle est sans effets immédiats.
Soyons tous un peu rêveurs, car de nos rêves peuvent jaillir de nouvelles formes de pensée et, qui sait, peut-être de nouvelles bonnes idées pour l’avenir… ! 🙂
Bien amicalement.
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